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André Gintzurger : les carnets d'un tourneur, fumeur de Brissagos
Connu dans le métier des arts du spectacle sous le diminutif de « Gintz », André Gintzburger publie, à 88 ans, non ses mémoires, mais les carnets où il consigna sa vie, passée à voir des spectacles et à en promener certains de par le monde, le tout précédé d'une longue introduction biographique et d'une réflexion sur le métier. Un épais volume (presque mille pages) qui travers la vie théâtrale depuis les années 40 jusqu'au début des années 90. Gintz eut un papa qui lui avait fait lire enfant « Jules césar » de Shakespeare, le fait est suffisamment rare pour être noté. Il tâta du jeu, commis quelques pièces, passa quatre ans au centre dramatique de l'est (entre 1948 et 1952) mais il fut -et reste- avant tout un tourneur. Dans un sociétés fondée avec d'autres,Théâtre d'aujourd'hui, ou auprès de la compagnie Jacques Fabbri (dont fit partie Raymond Devos). Il connut la faillite, vendit son affaire, devint employé des « Productions d'aujourd'hui » avant de voler de ses propres ailes toujours flanqué d'une collaboratrice. Il aima s'entourer de femmes, en épousa quatre, en séduisit bien d'autres.
Il raconte tout cela entre les pages de ses multiples carnets (imprimés en italiques) tenus depuis le milieu des années 60, où il dit, sans détour, ce qu'il pense des spectacles vus au soir le soir. Une ribambelle de jugements tranchés : « Je me suis emmerdé comme un rat mort » est une phrase qui revient souvent. Les « Paravents » de Genet montés par Blin ? « Un grand sentiment d'ennui et d'irritation ». Il se dit « réservé » au sortir de « La classe morte » de Kantor et juge « péniblement répétitif » le texte de « Hamlet-Machine » de Heiner Muller, va jusqu'à qualifier d » « imposture » « Tombeau pour cinq cent mille soldats » de Pierre Guyotat que monte « le rusé Antoine Vitez ». Autant d'erreurs de jugements qu'il assume et revendique. Gintz a ses fidélités dans l'admiration comme Patrice Chéreau, Alfredo Arias, Claude Confortès, le groupe 4L 12, le Théâtre de l'Unité ou Jean Bois et dans l'exécration comme Claude Régy qu'il traite de « terroriste ». Il n'aime guère les critiques (il surnomme Doktor Dort, l'admirable Bernard Dort) même si, sous un pseudonyme, il signe quelques papiers critiques dans « Libération » (celui du début). Il déteste le « parisianisme » de bien des spectacles et n'est jamais tant à l'aise que lorsqu'il prend l'avion. Là ses carnets nous entraînent au Mexique (avec Maria Casarès), à Brazzaville, à Shiraz, partout, de festivals en tournées. Il lui arrive aussi de faire tourner en France des troupes étrangères comme celle du Licedeï repérée en Russie. Au fil des années il se détournera du théâtre en salle et des « tout-puissants créateurs » que sont à ses yeux les metteurs en scène, pour se tourner, avant tout le monde, vers les nouveaux cirques, le théâtre de rue. Gintz avait d'ailleurs très tôt été l'ami du Living théâtre, son animateur, Julian Beck lui écrivit une longue et belle lettre ( reproduite) après les fameux événements de juillet 1968 à Avignon. Il y a longtemps qu'on ne croise plus Gintz devant les théâtres de banlieue ou devant la salle Gentilly à Nancy, un Brissagos au bec. Mais, à la lecture de ses carnets, on se dit que sa vie sinueuse, fut souvent torsadée comme ce cigarillo qui lui fut cher.
1er avril 2011
Gintz a été invité à l'émission de Radio courtoisie, Les tréteaux de la France courtoise le mardi 29 mars à 21h00 pour parler de son livre.
Il précise, en début d'émission, qu'il ne partage pas du tout les idées de cette radio mais qu'il espère y parler librement. C'est ce qu'il s'emploie à faire:
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