l\'indifférence et la curiosité-le théâtre reflet des temps

un carnet et des extraits

 

"De quand donc date cette anecdote que je cite souvent et qui me sert de référence
lorsque j’ai devant moi, beaucoup d’années plus tard, un jeune homme ou une jeune
femme qui me disent avoir la vocation de faire du théâtre ? Je dis « du théâtre » parce
que c’est devenu mon métier que de recevoir ces gens-là. Mais ce devrait être plus
universel : Avez-vous passé une heure de votre vie à vous poser quelques questions
simples : « Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Où aimerais-je aller ? Comment
me situé-je par rapport au monde dans lequel je vis ? »…"

 

"29 octobre : JARRY SUR LA BUTTE, spectacle de Jean-Louis Barrault à l’Élysée
Montmartre
Que c’est riche
Que c’est luxueux
Que c’est brillant
Que c’est beau
Que c’est commercial
et pourtant quel ennui par moments, quel sentiment de bâtardise, quelle impression
de porte à faux… Comme le titre le laisse entendre, c’est, semblable au RABELAIS,
un montage sentimentalo-didactique. La télévision scolaire pourrait en proposer de
semblables moins le clinquant. On prend l’oeuvre globale d’un Monsieur, on en fait une
salade russe, et il faut que ça mousse, nom de Dieu, c’est Kulturel ! C’est Kultivé !… Et
c’est même un brin Kontestataire !"...

 

 

"09-01-78 – Curieusement, en allant voir QUAND JE SERAI PETIT au Théâtre
de l’École normale Supérieure, je sortais d’un petit drame domestique : mon fils avait
inopportunément (d’un point de vue adulte) exprimé au sortir du souper l’intention
de jouer aux billes et s’en était vu refuser la permission, « parce qu’on ne joue pas aux
billes dans l’appartement, parce que le bruit dérange la voisine du dessous, parce que
les petites boules rondes s’égarent sous les meubles ou dans des endroits où l’on risque
de marcher dessus, et parce que si le chat en trouve une à deux heures du matin, il fera
un raffut à réveiller toute la maisonnée »…
Observateur de la scène, je me souvenais que, récemment, il avait voulu emmener
ses billes à l’extérieur et se l’était vu refuser « parce qu’il allait les perdre, ou se les faire
piquer par ses copains partenaires au jeu plus doués que lui en matière de troc ». Et
j’imaginais cet enfant de huit ans se posant la question : « ou et quand peut-on jouer
aux billes ? » Question qu’il n’a heureusement pas posée car il n’y aurait eu qu’une
réponse : « Nulle part et jamais. »..."

 

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24/11/2010
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